La mer des Caraïbes fait rêver de nombreuses personnes, notamment connue pour ses fameux corsaires du 18e siècle. C’est avec cette pensée que nous avons pris la mer le mardi 18 janvier en direction du Panama. Nous prenons la direction de Colón, une ville portuaire située à l’est de la côte panaméenne, porte d’entrée du fameux canal éponyme du pays. Nous savons que la navigation ne sera pas longue puisque 1000 miles nautiques séparent les 2 terres.
Malgré le mois et demi à terre, les réflexes reviennent vite à bord: nous reprenons nos quarts et le rythme éprouvé en Atlantique ne change pas. Nous retrouvons aussi les mêmes conditions météo : Une houle bien formée avec des vents qui nous portent nous permettant d’avancer à six nœuds de moyenne. Nous arrivons même à battre notre record journalier avec une journée à 145 miles nautiques !
Pour ce qui est de la vie à bord, rien n’a vraiment changé depuis l’Atlantique. Nous continuons d’alterner entre temps passé à la barre et temps personnel à se reposer ou à se divertir. Néanmoins, deux choses viennent stimuler notre quotidien : d’une part, des oiseaux du large viennent se poser sur le moteur de l’annexe, à la poupe du bateau et nous accompagnent durant les nuits pour se reposer.
Ensuite, avec Noël, nous avons reçu un petit vidéoprojecteur qui nous permet de regarder des films le soir (et ça, ce n’est pas rien).
Du point de vue de la navigation, nous prenons de la distance avec les côtes du Venezuela et de la Colombie pour éviter des zones de piraterie connues et une bulle de vent qui nous semble dangereuse (50 nœuds au plus fort). Le vent forci tout de même, mais ne dépasse pas les 25 nœuds ce qui nous permet de naviguer sereinement.
Au bout d’une semaine de navigation, la tablette qui nous permet d’accéder au logiciel de cartographie cesse de fonctionner et nous naviguons plus qu’au gps et à la boussole. Nous n’avions pas souscrit à l’abonnement de l’Iridium Go pour cette navigation (qui nous permet de communiquer avec nos familles et de télécharger les fichiers météo) nous nous retrouvons donc encore plus isolé. Malgré cela, nous ne mettrons pas longtemps à apercevoir les côtes du Panama puisque nous arrivons 9 jours après notre départ.
Une arrivée au Panama en plusieurs étapes
Sans carte de navigation, l’entrée dans la baie de Colón s’annonçait tendue. Il faut imaginer que cet endroit est l’entrée du canal de Panama, de ce fait, le trafic de cargos y est extrêmement important. De plus, une énorme digue de plusieurs kilomètres de long qui permet de protéger la baie crée un goulet d’étranglement où tous les navires sont censés passer. Avec notre arrivée dans la nuit de jeudi, sans carte, avec pour seuls repères une photo satellite et les balises de chenal, nous avons pris notre temps.
Nous naviguons à la vitesse de 3 nœuds, au moteur, entre des porte-conteneurs gigantesques qui mouillent à l’extérieur de la baie en attendant leur passage. Nous repérons là où les bateaux passent et nous suivons le même chemin; les balises du chenal tracent notre route et nous nous retrouvons finalement dans la baie de Colón.
Émilien a repéré le mouillage et nous nous y rendons rapidement pour vite y poser l’ancre. Il y a très peu de voiliers, mais nous repérons une marina au loin. Nous sommes donc au bon endroit ! Nous jetons l’ancre et nous réjouissons d’être arrivés. L’opération aura pris plus de 3 heures, mais nous gratifie d’une vue imprenable sur les lumières de la ville de Colón et sur les bateaux de commerce qui naviguent à quelques kilomètres de nous.
Après une bonne nuit de sommeil, nous nous rendons enfin à terre pour commencer toutes les démarches administratives. Nous passons aux autorités portuaires puis à la douane afin de régulariser notre situation. Nous comprenons aussi très vite que ce port de plaisance se situe loin de la ville et qu’aucun moyen de transport collectif nous permet de nous y rendre rapidement. Un bus permet de transporter 2 navigateurs par navire, mais seulement si leur bateau est au port. De plus, poser l’annexe à quai coûte 12 dollars à la journée.
Ici, tout est fait pour nous faire payer et nous le comprenons très bien, en effet, le canal représente une part importante du PIB du pays (22% d’après la Banco Interamericano de Desarollo – 2020).
Nous prenons donc un taxi à 25 dollars pour nous rendre à Colón et entamer les démarches administratives pour traverser le canal de Panama. Le chauffeur, fort sympathique nous préviens de ne pas trop nous balader dans n’importe quel quartier à cause de l’insécurité. Nous gardons ça en tête et plongeons dans une culture qui nous est inconnue.
Par la fenêtre de la voiture, nous apercevons les paysages défiler, de la forêt tropicale à la ville de Colón. Beaucoup de bâtiments sont très abîmés voire complètement insalubres et l’état des routes laisse à désirer. Nous arrivons à 11h au bâtiment des officiels qui nous permettront de traverser le canal.
Très vite, nous nous confrontons aux premières difficultés. Bien que beaucoup de voyageurs passent par le canal, peu de personnes de l’administration connaissent le protocole à suivre. Nous nous référons donc à un guide acheté 3 dollars sur internet et avançons petit à petit, de bâtiment en bâtiment, pour avancer dans nos démarches.
Finalement, nous arrivons à faire tout ce que l’on avait prévu de réaliser et allons manger dans un petit boui-boui typique : la cuisine y est délicieuse ! Nous prenons tous les trois un plat à base de riz et d’haricots rouges avec soit de la viande soit du poulpe.
Nous passons l’après-midi à nous balader dans la ville et notre présence se fait remarquer. Il faut bien comprendre qu’il n’y a aucun étranger mis à part nous et que notre couleur de peau ne fait pas partie du pantone local. Néanmoins les gens sont accueillants et souriants et nous ne nous sentons pas particulièrement en danger.
Nous visitons et observons tous ces bâtiments plus ou moins abîmés, influencés par la culture américaine.
Plus tard dans l’après-midi, nous décidons de rester dormir à l’hôtel et de profiter un petit peu plus de cette ville. Nous mangeons à nouveau dans la rue, dans un établissement qui semble très populaire au vu de la queue qu’il y a devant. Nous parlons avec nos voisins de file qui nous rappellent que les lieux ne sont pas sûrs et qu’il vaut mieux ne pas traîner le soir. Pas très rassurant…
Néanmoins, nous discutons avec les cuisinières/abuelas qui nous font goûter ce qu’elles ont à nous faire manger; c’est délicieux encore une fois ! Ici, les gens semblent beaucoup manger dans la rue et tout le monde se retrouve dans les parcs, le long des bancs pour partager des moments de convivialité.
Malgré l’ambiance festive et la musique dans la rue, nous nous rappelons des conseils des gens rencontrés et nous rentrons sagement à l’hôtel. Après une journée si chargée, nous ne mettrons pas longtemps à nous endormir.
Histoire à suivre dans : Le Grand Ecart Panaméen
Carpentier Claude/Nicole
janvier 31, 2022Joli récit et photo avec votre compagnon de route. Enfin Panama, nouvelle civilisation , soyez extrémement prudents et vigilants dans vos déplacements . Maintenant nous attendons le passage du canal route sur le Costa-Rica. Bonne suite de votre périple. Bises à vous trois.