Afin de finaliser la préparation de Noddi pour la traversée du Canal de Panama : Nous devions récupérer des pneus. Chose faite par Emilien et Léo. Il me fallait ensuite les ramener du port jusqu’au bateau avec notre mini annexe.
Pneus lourds… Trop lourds !
Premier passage avec 3 gros pneus de camion : bien évidement très lourds. Je positionne alors les 2 premiers à l’avant et je passe dans le dernier tout à l’arrière; de façon à répartir le poids. Quand j’accélèrerai, le bateau cabrera en arrière et le poids équilibrera cet effet.
15 minutes plus tard : Mission réussie. J’arrive au voilier et c’est à ce moment là que les choses sérieuses commencent. Les pneus sont impossibles à monter. Je suis collé à Noddi à l’arrière mais je ne peux pas y déposer le pneu; bien trop lourd.
J’use de toute ma force, mais ça ne suffit pas. Il me faudra utiliser un autre muscle : mon cerveau.
J’accroche alors le pneu qui me gênait au moteur de l’annexe; j’arrive ainsi à m’extirper. Je gagne alors un peu de liberté de mouvements me permettant de positionner un pneu sur la petite plateforme à l’arrière de Noddi. J’arrive ensuite à grimper tel un chimpanzé; je positionne les autres pneus sur le bateau. C’est maintenant fait.
Deuxième fournée
Sans prendre de repos, je remonte dans l’annexe; redémarre le moteur et fonce récupérer les 3 derniers pneus. À mon arrivée Emilien et Léo m’attendent avec une bière fraîche : c’est cool ! Je la bois assez rapidement et repart avec Léo m’occuper du dernier chargement. Il s’agît cette fois-ci de pneus de voiture. Petit détail qui fera toute la différence.
Étants plus petits, il est alors possible de les positionner à l’avant de l’annexe. Quand elle fait moins de 2 mètres de long, il reste bien peu d’espace aux jambes avec le réservoir à essence. Je suis alors bien en arrière à bâbord. Je sors tranquillement de la marina, et, au moment de prendre de la vitesse : c’est le drame.
Backflip 10/10
L’annexe cabre, mais bien plus qu’habituellement, en effet : les pneus à l’avant sont encombrants mais trop légers face au moteur, au réservoir et à moi-même à l’arrière. La première vague arrive et fait décoller notre dinghy. En quelques millièmes de seconde : je tombe à l’eau.
Lieu où l’annexe s’est retournée
Je sors rapidement la tête de l’eau, reprend rapidement mes esprits et tente en vain de retourner l’annexe; maintenant à l’envers; moteur à l’eau. Je dois alors nager dans le chenal, à proximité de la mangrove. Je suis alors dans les mêmes eaux que les crocodiles récemment observés par des plaisanciers. Pas le temps d’y penser, je dois sauver notre annexe. Nous n’aurons sinon rien pour rejoindre notre voilier.
La nage est difficile, il y a du courant, je me dépatouille à un bras, tirant l’annexe et le réservoir d’essence; évitant ainsi qu’il nous quitte. À ce moment, je suis encore assez loin de la marina.
Un sauvetage… inattendu
J’entends crier au loin, un homme me fait signe, je lui indique que je vais bien, il disparaît alors en courant. Je ne sais pas vraiment ce qu’il fait, je continue alors à nager. Quelques minutes plus tard, je vois un énorme bateau militaire me foncer droit dessus. J’identifie 4 personnes à bord, tous cagoulés, gilets par balle floqués « C O M M A N D O S ».
Un homme à l’avant me crie en Espagnol de rester calme et d’attendre. Il ne faut pas que je m’épuise. Je ralenti alors la cadence. À ce moment, le bateau s’approche et cet homme se suspend du bateau retenu par un collègue, ils me tirent et me permettent de prendre appui sur l’annexe retournée. J’arrive ainsi à me hisser à bord de leur navire militaire.
Je récupère avec leur aide l’annexe et me retrouve entouré de militaires cagoulés sur un navire des commandos de l’armée Panaméenne.
Ils ont été extrêmement rapides et efficaces. Le capitaine me demande, toujours en Espagnol ce qu’il faut récupérer dans l’eau. Je tente dans un Espagnol approximatif d’expliquer à ce commando que j’étais chargé de pneus. Ils finissent par me comprendre après avoir énoncé : « Michelin ! Bridgestone ! Pirelli ! » tout en faisant de grands cercles avec mes bras.
Ni une, ni deux, le commando m’ayant hissé à bord arrive à en identifier un, il le crie au capitaine qui pousse une accélération démentielle avec les 1 000cv de son navire. L’homme à l’avant arrive à l’attraper avec une grande gaffe; il le remonte à bord. Arrive ensuite un petit bateau de la marina, venu me récupérer.
Je passe par dessus bord et récupère l’annexe avec l’aide des commandos. Une fois cela terminé, le navire militaire part, je les remercie grandement et me voilà à bord du bateau de la marina avec un homme du port.
L’homme accélère et son moteur tombe instantanément en rade. C’est impossible : la poisse est définitivement sur moi ! Il appelle ses collègues à la radio est me fait signe de regarder le moteur.
Comment lui dire… Il n’est pas tombé sur la meilleure personne pour réparer son moteur. Je regarde tout de même et me rend compte que son bout (corde) d’amarrage est venue s’enrouler dans l’hélice. J’essaie alors de la débloquer, mais le bout est sous tension, je lui demande un couteau, qu’il a par chance avec lui. Je coupe le bout, libère l’hélice et redémarre son moteur. Nous voilà repartis.
Arrivée au port
Après tant de péripéties, nous voilà enfin au port : à quai. Nous déchargeons l’annexe avec Emilien et Léo, ils ne posent pas de questions et Léo se lance dans le sauvetage du moteur ayant bu quelques litres d’eau salée. Il démonte les bougies et la boite à air, fait tout bien sécher. Il finit par le démarrer, expulsant beaucoup d’impuretés. Il est maintenant fonctionnel.
Nicolas
février 28, 2022Grosse chaleur Lucas , ça va faire des sacrés souvenirs tous ça 😉