Carnet d'expédition

Golfe d’Aden passé ! Place à la mer rouge

Nous revoilà ensemble pour cet hebdo dans lequel je vais vous raconter la fin de notre traversée du Golfe d’Aden pour rejoindre le passage de bab el mandeb qui nous offre à la mer rouge.

Lors de notre dernier rendez-vous (cf. Au revoir les Maldives, direction l’Égypte !) j’expliquais que le passage s’annonçait sportif avec des conditions de vent bien lancées.

Nous n’avons pas été déçus ! Dans la nuit du 24 au 25 février, nous découvrons ce fameux passage nommé Bab El Mandeb. Large de 8 petits miles nautiques, il se situe entre le Yémen et Djibouti.

Son passage est doublement complexe. Premièrement : le vent s’y engouffre et vous pousse dans des rafales pouvant atteindre les 40 noeuds. Mais surtout : le trafic maritime est très important dans ce couloir sécurisé qui se rétrécit. Passant de 5 nmi à 1,5 nmi de large.

Alors avant que le soleil se couche, nous décidons de rouler notre génois, de prendre un ris sur notre Artimon et de hisser la trinquette. En précaution supplémentaire, Léo prépare le tourmentin à la proue. Pour gagner du temps dans le cas où le vent nous obligerait à encore réduire notre voilure.

Le ciel nous propose une nouvelle fois un magnifique dégradé d’orange au bleu pour sonner le début de la nuit en approche de Bab El Mandeb.

Aucun problème durant la nuit. Le vent a commencé à forcir et dans la matinée nous sommes entre les deux voies du couloir sécurisé (pour laisser la place aux cargos) à la vitesse de 7 noeuds. Nous progressons vite. Ce passage est rapidement derrière nous.

S’en suit deux journées aux conditions bien sportives. La barre du Noddi se tient facilement, malgré un certain degré d’attention à avoir en tête. La houle est forte. Certaines vagues déferlantes nous surprennent, mais nous arrivons sans véritable difficulté à garder notre cap.

La mer rouge est connue pour cette configuration de vents : du portant à partir de Bab El Mandeb, puis une zone éventée qui laisse ensuite sa place à un vent NO obligeant les marins à naviguer au près. Ce qui varie, c’est l’étendue de ces zones en fonction des périodes.

Nous semblons alors naviguer sous une bonne étoile. Les conditions nous permettent de bien avancer au portant puis de profiter d’une grande zone éventée pour continuer de bien progresser au moteur et ainsi repousser au maximum la dernière zone : celle du près. C’est une allure très inconfortable et très peu efficace avec notre vieux ketch.

Puis, nous progressons sur plusieurs centaines de nautiques au format hybride : voile / moteur. Le moteur nous fait d’ailleurs quelques ratés en calant à chaud à bas régime. On pense d’abord au ralenti, un peu bas que Léo remonte à 1000 tr/min. Mais ça recommence. Le dispositif d’anti-calage ? Peut-être mal réglé ? Non plus !

À force de purges pour éliminer l’air dans le circuit d’injection et de nombreux réglages, le moteur redémarre et tient bon. Il nous permet d’avancer entre 3 et 5 noeuds. Une vitesse qui nous sera nécessaire car les prévisions météo annoncent quelques jours de gros vent du nord-ouest. Ces conditions ne sont pas prudentes avec notre voilier. Nous devons alors trouver un moyen de nous abriter.

Lors du repérage cartographique de notre itinéraire, Léo a repéré différents abris naturels (appelés « marsa ») qui peuvent nous abriter de ce vent et de la houle qui en résulterait. Nous faisons cap sur Port Safaga, cependant, nous comprenons rapidement que nous n’y serons pas à temps.

On décide alors de viser El Quseir. À ce moment-là, nous sommes au large des côtes égyptiennes, il est dimanche matin et le coup de vent est annoncé pour lundi après-midi. À 22h il nous reste 50 nmi (90km) à parcourir. On pense pouvoir y arriver. Mais c’est à nouveau une désillusion.

Au petit matin, Emilien est à la barre et constate que les conditions commencent à se lever et décide de rebrousser chemin vers une marsa plus au sud, plus proche.

Mais là, c’est le drame. Nous voyons la marsa, elle est toute proche, mais… le moteur nous lâche une nouvelle fois ! Cette fois-ci, les différentes manipulations n’y changent rien. Le vent commence à sérieusement s’intensifier, nous devons trouver une solution au risque de partir dériver au large, où les conditions seront bien pires. Avec beaucoup de calme, nous décidons que la manœuvre s’effectuera à la voile. Ça nous rappelle nos premières heures de navigation avec Léo sur J-Net (le J80 de l’école centrale Marseille avec lequel nous étions partis en Sardaigne). Les rôles sont distribués : Léo à l’avant à gérer l’ancre, Emilien à la barre pour trouver la meilleure trajectoire entre la faible vitesse et la précision et pour ma part, je suis aux winchs à gérer notre voile, la trinquette et en même temps au sondeur pour indiquer la profondeur à Léo.

Nous arrivons comme il faut : à une petite vitesse (1,5 kts) nous permettant à la fois de rester manœuvrant et en capacité de pouvoir envoyer l’ancre. Quand je jette un dernier coup d’œil au sondeur qui indique qu’il est temps de jeter l’ancre, j’informe Léo, je lache au maximum la trinquette, nous nous arrêtons, l’ancre plonge dans l’eau et la manœuvre est réussie ! On termine en affalant cette trinquette et l’affaire est réglée.

Nous voilà installés à la marsa Moubarak pour nous abriter. Mais maintenant nous avons la réparation de notre fameux Perkins à gérer en supplément.

Finalement, je vous avais promis la dernière partie de cette aventure avec cet hebdo, mais elle est encore loin d’être finie. Découvrez la suite de notre aventure dimanche 19 mars.

2 Commentaires d’article de blog
  • Ruibet Danièle
    mars 14, 2023Répondre

    Vous nous tenez toujours en haleine ! Quelle péripétie d’un voyage qui en comporte déjà des tonnes!!! Bravo les navigateurs ! Vous devez être épuisés après un mouillage pareil! Vous m’épatez ! Bonne continuation !

    • Lucas
      mars 19, 2023Répondre

      Merci Danièle à très vite pour la suite !

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