Travel notebook

De la décharge au paradis – Navigation de Port Klang aux Maldives

Après avoir passé les fêtes de fin d’année en Malaisie, il était temps de préparer le départ vers Uligan, petite île à l’extrême nord des Maldives.

Nous voilà bien heureux d’entamer la préparation de notre départ après plus d’un mois passé en Malaisie. Cette escale ne comportait aucun sujet de recherche. Son objectif : recharger les batteries avant de se lancer dans la traversée de l’océan Indien.

Le port où nous étions : le Royal Selangor Yacht Club est situé sur la rivière Klang, à côté d’un des plus gros ports commerciaux mondiaux. Au RSYC, les installations sont très sommaires, voire dangereuses (nous avons constaté un ponton se détacher dans la rivière emportant tous les navires avec lui). Rapidement nous avons aperçu que les taquets se désolidarisaient des pontons et les blocs de béton constituants ces derniers s’entrechoquaient dès que le courant de la rivière se lançait.

Oui car il faut savoir que le courant peut s’avérer très intense dans cette rivière. Allant jusqu’à 4 noeuds. Faisant ainsi danser à longueur de journée des quantités astronomiques de déchets en tout en genre. Y compris les pontons auxquels les bateaux sont amarrés. Même si aujourd’hui certains Malaisiens rencontrés se félicitent d’une nette amélioration grâce à l’installation de filets en amont et de l’intervention d’un navire d’Ocean Clean Up. La rivière reste cependant dangereusement infestée de déchets.

Malgré la rédaction d’un mail et de différents avertissements aux employés de cette Marina concernant la dangerosité des installations, nous sommes restés sans réponse. Ainsi, nous déconseillons fortement à tout navigateur de faire escale dans cette Marina. Sauf si vous souhaitez amarrer votre navire sur une île flottante infestée de rats et de milliers de déchets.

Maintenant que c’est dit : place à la préparation du voyage !

En temps normal, notre préparation se décompose en quatre parties :
1. La vérification du gréement, des voiles et du moteur;
2. L’avitaillement en vivres, eau et diesel;
3. Le renouvellement de tous nos abonnements et différents téléchargements (téléphone satellite, cartes marines, divertissements séries TV, films…);
4. Les aller-retour entre douanes, immigration… pour enregistrer notre sortie du territoire et tamponner nos passeports.

Ce coup-ci, ce fut différent. Si vous avez bien suivi via notre compte Instagram, vous avez pu être informés de l’invasion de blattes germaniques et de l’arrivée de rats dans le bateau. Vecteurs de maladies et n’ayant aucun scrupule à se servir dans nos réserves de nourriture : la situation était alarmante.

Pour y remédier, nous avons avec Léo écumé la petite ville de Port-Klang à la recherche d’une société de fumigation pouvant régler le problème. Rapidement, l’entreprise est trouvée. Le rendez-vous pris. Début janvier, ils interviendront sur Noddi pour diffuser un gaz létal et ainsi éliminer ces envahisseurs.

Mais avant cette intervention, il fallait enlever du bateau l’ensemble de la nourriture fraîche (fruits, légumes…) et emballer hermétiquement toutes les conserves du bateau (qui se comptent en centaines). De cette manière, le gaz ne se déposera pas dessus et nous n’aurons pas à jeter toute cette nourriture. Malheureusement, les blattes avaient déjà commencé leur travail en attaquant de nombreux paquets de pâtes et de riz dont nous avons du nous séparer à contre cœur.

Une fois cette préparation effectuée, nous avions deux échéances d’interventions avec l’entreprise de fumigation :
1. Une première intervention pour rendre le bateau totalement hermétique. Leur permettant de diffuser le gaz pendant 1h. Ensuite nous devions attendre 48h pour que sa propagation se fasse correctement à bord.
2. Une fois les deux journées écoulées, les voilà de retour pour finaliser en retirant la bâche et en aspergeant le Noddi d’une dernière solution visant à enterrer le problème.

Ce fut rapide et efficace. Plus de blattes ni de rat à bord. Cependant, il restait encore une étape et non des moindres : nettoyer l’intégralité de notre bateau et de nos affaires.

Nous avions demandé à la marina une place à un ponton rattaché à la terre. De manière à faciliter les aller-retour avec les laveries et le nettoyage du bateau.

A ce moment-là, nous avions réservé une chambre d’hôtel pour dormir en sécurité car l’odeur du produit restait encore en suspend dans le navire et attaquait sérieusement les yeux.

Cet épisode nous a appris qu’il est indispensable de se séparer de tout emballage carton et de nettoyer l’ensemble des fruits et légumes avant de les ranger à bord. Lors de l’avitaillement, nous avions ainsi pu acheter des récipients avec des joints étanches pour conserver nos féculents…

La fumigation étant derrière nous, il nous fallait tout de même préparer notre arrivée aux Maldives. Après s’être renseigné, Léo nous a informé de nous devions impérativement prendre contact avec un agent pour se rendre à Uligan (île au Nord des Maldives, sur notre route). Il s’est donc chargé des démarches et nous étions en contact avec Asadulla qui s’occupera de toutes nos démarches administratives et facilitera notre avitaillement sur cette île reculée.

Le 14 janvier, nous larguions les amarres et quittions la Malaisie pour rejoindre la dernière partie du détroit de Malacca.

Comme précédemment, nous croisions des cargos comme on croise des bus en centre-ville.

La sortie du détroit fut laborieuse car les conditions de vent y étaient très instables. Nous avons mis près de 6 jours (pour 480NM) avant de passer au large de l’île de Weh à l’extrême nord de Sumatra.

Ensuite, l’océan Indien ne nous aura pas fait de cadeau : conditions de vent très changeantes, orages nocturnes impressionnants, le tout accompagné de pluies diluviennes ! Le bonheur !

Nous étions toujours entourés de portes-conteneurs qui font la renommée de cette route maritime. Pour cause, il sont si nombreux qu’il nous fallait parfois les éviter quand quatre nous arrivaient de front.

Au large du Sri Lanka, nous apercevions à nouveau des navires d’une taille plus raisonnable et avions eu la chance d’échanger quelques mots avec des pêcheurs locaux qui voulaient nous vendre leurs poissons. Notre frigo était encore bien plein et nous comptions toujours sur notre canne à pêche alors nous avons refusé. D’un signe de la main nous nous disions au revoir et reprenions le cap vers notre prochaine escale.

Une fois passé Galle, au sud du Sri Lanka, nous avions laissé 1300 NM (~2300km) derrière nous en 13 jours de navigation. Devant nous il ne restait plus que 500 NM (900km) avant de toucher pied à terre. En 4 jours nous étions arrivés. En plein milieu d’après-midi le 31 janvier. Asad et des officiels se présentent rapidement à bord, et effectuent les démarches habituelles. Nous serons par la suite invités à débarquer pour finalement être reçu à dîner chez notre agent pour un repas à la saveur toute particulière !

Découvrez l’île d’Uligan dans notre prochain récit dimanche 26 février !

4 Comments
  • Carpentier Claude/Nicole
    February 25, 2023Reply

    Toujours très heureux de vous lire tous les trois et de nous faire partager toutes vos péripéties
    bonnes ou mauvaises. Bonne suite vers Suez puis le retour attendu.

    • Lucas
      March 19, 2023Reply

      Merci Claude, Nicole. Vos commentaires nous font toujours autant plaisir à lire.

  • Monique et Christian
    February 23, 2023Reply

    Merci Lucas, vos articles ” navigation” commençaient à nous manquer.
    Bon vent jusqu’à Suez !

  • Pierron Daniel et JMarie
    February 21, 2023Reply

    Bravo les gars, vous avez eu bien des soucis et des péripéties de toutes sortes avec ces “petites bêtes indésirables” et vous trouvez toujours la parade ! Nous vous souhaitons une bonne navigation jusqu’à Djibouti, nous ne savons pas si vous vous y arrêterez … avant de continuer vers la Mer Rouge. Bon vent, on pense bien à vous.

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