Travel notebook

Fin de la mer rouge : entre sourires et désillusions

Dans le précédent hebdo : « Golfe d’Aden passé ! Place à la mer rouge », je vous racontais notre arrivée à la voile précipitée dans la Marsa Moubarak pour nous abriter d’un grand coup de vent et réparer notre moteur. 

Rappelez-vous, toutes les tentatives pour redémarrer ce moteur au large de la Marsa sont restées infructueuses. Nous commençons alors à nous poser des questions sur une possible panne plus importante. Léo, comme à son habitude, plonge dans la cale moteur pour tenter différentes purges, vidanges… 

Résultat : On identifie un potentiel problème de la pompe à injection. Remise en contexte, nous sommes dans une marsa où tout autour de nous se trouvent quelques complexes hôteliers et du désert sur des centaines de kilomètres. Pas le meilleur endroit pour avoir à remplacer une pompe à injection. Mais c’est sans compter sur l’aide de Soliman, de Karam et de Zakraya. 3 personnes en or, nous ayant prêtés main forte sur cette mésaventure.

Dès notre arrivée dans cette marsa, nous constatons quelques dizaines de bateaux de croisière partant de Port Galib (plus au nord) et se rendant dans cette marsa. Rapidement, le capitaine du Néfertari, grand bateau de tourisme magnifiquement décoré, nous rend visite.

Hello guys, I’m Soliman, if you need anything, just ask me. 

Salut les gars, je m’appelle Soliman, si vous avez besoin de quelque chose, appelez-moi.

Après des semaines à naviguer, nous voilà très heureux de ce premier échange humain. Nous continuons à tenter d’identifier la panne. Pendant ce temps, c’est un véritable balai d’annexes qui viennent à notre rencontre pour nous saluer. À un moment, notre ami Soliman revient avec Zakraya. Zakraya travaille avec Soliman et parle Français ! À partir de ce moment, ils nous aideront à avoir un peu de nourriture et nous mettent en relation avec Karam le mécano de leur bateau.

Le premier soir, Soliman vient nous dire que nous devons nous déplacer à une bouée car nous avons posé l’ancre sur des herbiers servant à nourrir les tortues. Nous expliquons alors à Soliman que nous n’avons aucun moyen de rejoindre cette bouée (à 20 mètres) sans notre moteur. Il nous dit : “Pas de soucis, relevez l’ancre, je vous pousse avec mon annexe jusqu’à la bouée”. Nous sommes très surpris, mais il nous assure qu’il sait ce qu’il fait. Nous lui faisons confiance et il pousse à plein régime avec son annexe (sans amarre) pour déplacer le gros Noddi. La manœuvre est compliquée avec le vent qui se lève. Je saute à bord de son annexe pour lui donner un coup de main, mais il s’en sort comme un chef et arrive à nous positionner à proximité de la bouée. Émilien and Léo attrapent le bout, nous voilà attachés. Deuxième belle manœuvre de la journée !

Soliman et son bateau en arrière plan

Karam vient à nombreuses reprises aider Léo avec la panne. C’est un véritable cours de mécanique avec cet homme qui nous expliquera plus tard être professeur de mécanique marine à Alexandrie. 

La source de la panne est confirmée : notre pompe à injection est morte. L’axe a rompu. Il faut le remplacer. Pour cela, il faudrait poser pied à terre, nous rendre à Hurghada où se trouvent les professionnels les plus proches. Nous expliquons à Karam qu’il est trop coûteux pour nous de nous rendre à Port Galib pour rentrer officiellement dans le pays. Alors, il nous trouve une solution et la pièce part dans la journée à Hurghada. Il nous assure qu’elle sera de retour dans quelques jours. Nous sommes dubitatifs quant à la disponibilité de la pièce, mais Karam semble confiant.

Nous voilà alors à attendre notre pièce, pendant ce temps, nous avons peu de choses à faire. Nettoyage du bateau et lecture sont de mise. Nous apprécions les repas offerts que nous livre notre ami Soliman en fin de journée ! Quelle rencontre incroyable ! Il nous explique :

We are brothers of the sea. I will help you until you manage to restart your engine.

Nous sommes des frères de la mer. Je vous aiderai jusqu’à ce que vous puissiez redémarrer votre moteur.

2 jours plus tard, la pompe est de retour. Parfaitement réparée ! Karam nous explique qu’ils ont du se rendre au Caire pour trouver la pièce. Il est désormais temps de passer au remontage. À cette étape Karam est toujours à nos côtés pour guider Léo dans le remontage. Au bout d’une journée, la pompe est montée, mais il faut encore procéder à quelques réglages pour la faire injecter au bon moment. Une question d’ajustement qui demandera une demi journée de travail supplémentaire.

Au moment de démarrer, la joie est intense ! Tout le monde sourit et le mal est derrière nous ! Nous allons pouvoir reprendre la mer !

Karam nous apporte la facture comprenant la réparation, le transport, les courses, les tips pour ceux qui nous ont aidés… 1600$. C’est élevé, mais nous n’avions pas le choix. Ça n’aurait pas coûté moins cher en France.

Bonne nouvelle, le prochain propriétaire de Noddi repartira avec une pompe à injection flambant neuve ! 

Après toutes ces mésaventures, nous reprenons la mer pour 3 jours de navigation pour rejoindre Suez. Nous avons pris du retard, nous décidons alors que nous passerons le canal à la fin de notre séjour égyptien. L’arrivée se fait sous un temps chaotique, entourés de cargos et d’orages au coucher de soleil sous un vent (de face) glacé.

Nous posons l’ancre et appelons notre agent. Il nous indique que nous devons nous déplacer à la marina de Port Suez. Un bateau pilote nous escorte, nous nous mettons à couple d’un yacht et nous voilà arrivés ! Notre agent récupère nos documents et part enregistrer notre arrivée en Égypte après 34 jours de mer. 

Cette traversée sonne la fin des grandes croisières. Désormais, en Méditerranée, nous n’aurons que des « petites » navigations de quelques jours pour rejoindre notre point de départ. En passant par la Crète et la Sicile pour notre dernière thématique de recherche : l’habitat durable en Méditerranée.

Je vous remercie d’avoir lu cette série d’hebdos de la Malaisie à l’Égypte. À très vite sur tous nos réseaux !

1 Comments
  • Jean
    March 22, 2023Reply

    Il y a bientôt 20 mois, avant votre départ, Emilien écrivait “Après une année 2020 qui nous a vidé, nous comptons profiter des deux prochaines pour faire le plein. Nicolas Bouvier écrivait dans l’Usage du monde “La vertu d’un voyage, c’est de purger la vie avant de la remplir”. Pour nous, il est temps de faire de même.”
    Votre voyage n’est pas terminé, quelques aventures vous attendent encore en Méditerranée, mais vous êtes riches d’expériences vraiment extraordinaires et de rencontres magnifiques ! Bravo les jeunes, je suis impatient de vous retrouver bientôt pour fêter votre retour.

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