La remise en état de tous les matelas a constitué un sujet important lors de la rénovation du voilier. Lors de la première navigation, nous avions remarqué qu’ils étaient complètement écrasés ; nous dormions directement sur le bois !
Nous avons donc commencé à les inspecter. La première chose que nous avons remarquée a été que les tissus étaient bien délavés et certains déchirés. Ensuite, nous avons observé que la mousse était « emballée » dans une housse en skaï perforée sur les côtés afin de les protéger.
Globalement, les housses en tissus et les mousses étaient en trop mauvais état pour être réutilisées mais les housses en skaï étaient largement réutilisables. Nous avons donc cherché un moyen de rénover ces matelas.
La première solution était de racheter de la mousse et du tissu pour refaire les matelas à l’identique. Nous avons donc fait faire des devis pour les mousses afin de connaître le coût d’achat. Résultat ? Entre 1500 € et 2500 €. Nous avons donc cherché une autre solution, moins onéreuse et plus intelligente.
Pour ce faire, nous nous sommes rapprochés d’une entreprise qui a l’habitude de travailler avec des mousses. Le groupe Lagarrigue est spécialisé dans la conception et la fabrication de prothèses et d’orthèses sur-mesure. Ils travaillent pour des patients ayant besoin de matériel médical spécifique pour vivre. Il est intéressant de voir que dans le processus de fabrication des corsets, fauteuils roulants et autres équipements de maintien, ils taillent des blocs de mousse pour créer l’empreinte du patient. Ceci a deux avantages : produire un équipement au plus proche des différentes morphologies et, pour nous, de produire aussi beaucoup de copeaux de mousses réutilisables.
Quand Léo a visité les locaux, une idée a germé lorsqu’il a découvert tous ces copeaux : « et si nous remplissions les housses en skaï pour recréer artificiellement un matelas ? ». Le site Lagarrigue de Toulouse produisant plusieurs mètres cubes de copeaux par jours, la quantité disponible serait amplement suffisante.
Aussi, le skaï est un matériau assez résistant pour qu’il ne se déchire pas lorsque nous le remplirions de copeaux. Il suffisait de mettre plus ou moins de copeaux à l’intérieur pour régler (réguler) la dureté du matelas. Il ne restait plus qu’à ré-housser le matelas en skaï avec un tissu que l’entreprise nous donnerait pour rénover complètement les matelas. L’idée semblait bonne, il fallait essayer.
Puisque nous ne savions pas coudre, Nicole, la grand-mère de Léo, a œuvré à la réalisation des matelas. Couturière hors-pair, elle était tout à fait à même de nous aider sur ce sujet.
La première étape a été de déhousser un ancien matelas en conservant la housse en tissu. Il fallait découdre proprement la housse en skaï pour retirer la mousse.
Une fois le matelas en morceaux, nous avons décelé une problématique lors d’un essai laborieux de bourrage de copeaux : le skaï perforé laissait passer les copeaux en-dehors. Nicole a alors cousu tout le long des trous un tissu en gaze de jardinage laissant l’air s’échapper mais emprisonnant les copeaux.
Une fois la gaze cousue, Nicole et Léo ont bourré le premier matelas de copeaux jusqu’à avoir la consistance optimale. Ce sont entre 1,5 et 2 mètres cubes qui ont été utilisés. Nicole a ensuite refermé la housse en skaï en la cousant à la main. Le matelas était fonctionnel.
Pour valider ce prototype, Léo a dormi dessus une semaine. Le résultat est super concluant ! Le matelas est confortable et épouse parfaitement la morphologie de la personne qui s’y allonge, un peu comme un matelas à mémoire de forme. Il a alors fallu répéter le processus sur tous les autres matelas.
Ce sont au total 6 matelas et 3 ou 4 coussins qui ont été fabriqués de cette façon. Nicole a en plus ré-houssé les matelas avec le tissu fourni par le groupe Lagarrigue. Il est néoprène, déperlant et d’un super jaune !
Le résultat final est excellent. Les matelas sont confortables et ont été rénovés pour zéro frais en réutilisant les déchets copeaux de l’entreprise Lagarrigue. Ce principe d’up-cycling correspond aux valeurs et principes que l’association porte : récupérer des matériaux ou des produits dont on ne se sert plus pour créer des objets ou produits de qualité supérieure.
Nous remercions sincèrement le groupe Lagarrigue pour son investissement, pour le matériel et l’expertise qu’ils nous ont apportés. Nous remercions aussi Nicole qui a consacré beaucoup de temps et d’énergie à cette partie importante du projet.
Marylise Valentini
août 23, 2021Comme quoi les savoirs faire de base ( couture, menuiserie, petit bricolage) sont essentiels
Une amie suédoise d’une cinquantaine d’années me raconte qu’elle a appris comme tous les enfants suédois à l’école les bases de la couture et du travail du bois
Après de nombreuses années dans la vente,celle a décidé de lancer son activité de couturière sur les marchés des villages alentours
Lucas
août 23, 2021Effectivement Marylise il est important d’être initié/sensibilisé à ces pratiques ! Et le plus tôt possible est le mieux ! Pouvoir se débrouiller sans nécessairement produire inutilement, c’est ça la frugalité !