Carnet d'expédition

Transpacifique Partie 2 – Semaine 2

| ARTICLE SANS MISE EN PAGE ENVOYÉ DEPUIS L’OCÉAN PACIFIQUE |

Poursuivre notre route mais tranquillement. Voilà quel était le mot d’ordre suite à la malheureuse casse survenue la semaine passée. Nous avons réduit la voilure mais le vent et les vagues mettront deux jours de plus à se calmer.

En réalité, avec une météo comme celle-ci, il ne se passe pas grand chose. On ne voit pas d’animaux, on n’entreprends rien sur le bateau, on se repose beaucoup… la grosse mer ça fatigue. Mais il faut nous comprendre, ce n’est pas que nous nous laissons abattre, c’est plutôt que lorsque les vagues font 5 mètres de haut et que le bateau passe de 0° de gîte à 45° en une fraction de seconde, on consacre son temps soit allongé, à se reposer, soit à barrer mais il n’y a pas de divertissement. Impossible de lire et je ne parle même pas des sudokus.

Heureusement qu’il y a les garçons et que l’on reste soudé. On discute, on se raconte des blagues, on se donne des nouvelles des familles et des copines… on garde le moral malgré ces conditions difficiles.

Néanmoins, petit à petit le vent va se calmer. La houle, quant à elle mettra plus de temps. Résultat? On bouchonne. Ce phénomène est extrêmement désagréable et se traduit par le tangage fortement prononcé du bateau. Pour faire simple: avec notre petite voile nous n’avançons pas dans une mer formée et du coup, le bateau bouge dans tous les sens.

Pour contrer ce phénomène, nous décidons de changer de voile à l’avant pour passer sur la trinquette. Bien que nous doublions la surface de voilure d’avant (11m2 maintenant), nous n’avançons pas beaucoup plus vite et il faudra attendre que la houle redescende.

Le mardi, les conditions reviennent à la normale. Nous avons un vent parfait et la houle est redescendue. Il fait beau et de telles conditions nous permettent de récupérer convenablement. Nous nous lavons à l’eau de mer, nous inspectons le bateau et les activités quotidiennes reprennent.

Pour ne pas forcer sur le mât, nous alternons souvent de voiles pour s’adapter au mieux aux conditions météo. Cela nous oblige à manœuvrer plusieurs fois par jour, si bien que nous devenons de vrais experts!

Mais surtout, en plus du bon temps et comme un cadeau de l’océan après nous avoir tant éprouvé, nous péchons une dorade coryphene de 80 cm de long! Elle arrive au bon moment car nous commencions à tourner en rond niveau alimentation. Cette fois-ci, fort de nos expériences de pêche précédentes, nous arrivons à remonter l’animal à bord sans trop de difficultés. Le poisson est magnifique et change de couleur! Verte, puis grise et bleue puis verte à nouveau; la dorade joue au caméléon devant nos visages ébahis.

Comme d’habitude, chacun y va de sa petite recette: poisson cru coco, poisson grillé, poisson cru chinois (une recette marquisienne)… Qu’importe la recette, le poisson nous fait du bien et vient casser la monotonie qui s’était installée dans notre alimentation.

Autre chose qui vient casser la monotonie est le doux bruit du moteur. Avec autant de journées de mauvais temps sans recharger correctement les batteries à l’aide des panneaux solaires, nous sommes à sec niveau électricité. Nous avons donc décidé de redémarrer le moteur. Encore une fois, nous avons du mal à redémarrer l’engin mais rien d’étonnant vu la façon dont il s’était fait remuer. Un réamorçage du circuit de diesel et c’était reparti. Et heureusement car par la suite, nous ne pensions pas en avoir autant besoin.

Les jours qui suivirent furent très tranquille. Avec les petites voiles nous n’avançons pas vite mais cela nous permet de mieux observer les îles Tonga lorsque nous passons à travers l’archipel. Par la même occasion nous gagnons une journée! Nous sommes maintenant à +11h de la France.

Le lendemain, s’ensuivra probablement le jour le plus important de la traversée: le demi tour du monde. Ça y est on l’a fait! Nous passons le 175°W dans la nuit de jeudi à vendredi. Maintenant, chaque mile parcouru ne fera que nous rapprocher de la France. Pour fêter ce moment historique du projet, nous faisons un repas de fête sur le bateau: rillettes de canard, rillettes de thon, naans et saucisses lentilles! Il ne faut pas se laisser abattre et ce n’est pas tous les jours que nous franchirons la ligne imaginaire du demi tour du monde!

Autant de gaité ne pouvait pas venir seule. Cette fois-ci, rien de mécanique puisque c’est le régulateur de charge solaire qui nous lache. Cet équipement extrêmement important permet de recharger les batteries grâce aux panneaux solaires. Sans lui, nous ne rechargeons plus. Le problème, c’est qui si le frigo n’a plus d’électricité, les insulines dont dépend Lucas périmeront. Nous sommes donc obligé de trouver une solution rapide.

Cette solution, nous l’a trouvons sous nos pieds: le bon vieux moteur. Avec lui, nous pouvons fournir assez d’électricité. Néanmoins, nous n’avons pas assez d’essence pour atteindre l’arrivée d’une traite. Nous changeons donc de cap pour couper la route en deux. Direction donc l’île principale des Fiji, Viti Levu où nous pourrons faire le plein pour ensuite atteindre sereinement la Nouvelle-Calédonie.

Ce changement de route ne nous rallonge quasiment pas le chemin à parcourir mais nous met un deuxième petit coup derrière la tête après l’incident de la semaine passée. Rien ne pouvait nous permettre de prévoir ce désagrément et il faut croire qu’avec un demi tour du monde dans les voiles, le Noddi et son équipement donne de sérieux signes de faiblesse. L’entretien à Nouméa sera donc très important et nous le savons déjà.

Nous devrions arriver d’ici quelques jours à Viti Levu. Avant cela, nous nous rapprochons des premières îles de cet archipel gigantesque et le nombre de poissons dans l’eau augmente. En cette dernière après-midi, nous avons la chance d’observer pendant des heures des oiseaux chasser, des thons sauter juste à côté de nous ainsi que des marlins et des dorades. Le spectacle est impressionnant et nous nous demandons même si le bruit du diesel ne les attiraient pas. Nous essayons de pêcher mais le verdict est sans appel: c’est trop gros pour nous. Soit la ligne casse, soit l’hameçon se tord. Nous comprenons que ce n’est pas notre heure de pêche et observons donc, contemplatifs, la vie en pleine effervescence autour de nous.

Rendez-vous la semaine suivante pour la suite de la transpacifique partie 2.

Coordonnées journalières:

– 17°48.100 ‘ S 166°11.739 ‘ W
– 17° 51.403′ S 168° 4.144′ W
– 18° 16.874′ S 169° 39.855′ W
– 18° 7.984′ S 171° 2.410′ W
– 18° 5.652′ S 172° 31.264′ W
– 18° 28.728′ S 174° 34.265′ W
– 18° 21.118′ S 176° 23.406′ W
– 18° 21.868′ S 178° 34.129’ W

2 Commentaires d’article de blog
  • Jean-François Prost
    juillet 17, 2022Répondre

    Récit passionnant et très bien écrit comme d’habitude. Vous voilà maibtenant à Nouméa et je ne doute pas que vous y serez très bien accueillis

  • Danièle Ruibet
    juillet 3, 2022Répondre

    Toujours aussi passionnant ! On navigue avec vous et ressentons vos angoisses sans vous être de grand secours, malheureusement. Bon courage les garçons ! Tellement impressionnée par vos exploits , votre volonté, votre ténacité ! Bonne route et bon vent!

Laisser un commentaire à Danièle Ruibet Annuler la réponse